dimanche 5 février 2012

Le Raid 28 ... une sacré balade ...

Comme on a un peu l’habitude de raconter les épreuves auxquelles on participe, voici un bref récit du Raid 28 auquel j’ai participé le week-end dernier. Au programme, il va falloir parcourir à pied et en autonomie totale depuis Houdan entre 85 et 110 km, selon les options de la CO et les prouesses des orienteurs, et arriver le lendemain à Bures-sur-Yvette avant 16h00.
L’équipe est composée de Loïc (le capitaine), Pierre-Emmanuel (dit P-E), Edouard - trois grands amis depuis une dizaine d’année, Gregory (un collègue de P-E) et moi (la féminine). C’est la première fois que je m’aligne sur une course aussi longue. Depuis le retour des congés, j’attends cet évènement avec impatience, j’enchaîne les entrainements à la piste et les sorties longues dans Boulogne (entrecoupés d’une séance de piscine pour se donner bonne conscience ☺. Au menu de la dernière semaine, un régime de glucides et des sorties de 50 minutes. Par contre, je commence à paniquer, j’appréhende un peu le week-end qui arrive, j’ai peur de décevoir les quatre jeunes hommes qui m’accueillent parmi eux et de ne pas avoir ma place dans l’équipe malgré une bonne préparation. Lire la suite sur plus d'infos  ...

21 janvier 2012 : le grand jour est arrivé ! 
L’arrivée au gymnase annonce la couleur : un raid en petit comité (loin de l’ambiance de la SaintéLyon). On est accueilli par une organisation souriante et chaleureuse … on se croirait à la maison ! Malgré l’ambiance familiale et la bonne humeur qui règnent dans le gymnase et dans l’équipe, la tension monte petit à petit dans ma tête. Devant mon dernier plat de glucides, je me demande si je vais être à la hauteur et tenir jusqu’au bout une aussi longue distance. Une fois nos inscriptions finalisées, nos bracelets de couleurs récupérés (j’ai réussi à récupérer le bleu, ma couleur préférée, en espérant que ça nous porte chance !), la photo souvenir faite, nous écoutons tous ensemble le discours de l’organisation. L’excitation du départ se fait sentir dans le gymnase. Il est temps pour les capitaines de se ranger en ligne. 21h : le départ est donné. Notre capitaine récupère le Road book, on va pouvoir s’installer tranquillement dans un coin pour reporter les balises à la frontale dans le gymnase plongé dans le noir. Deux équipes : Greg, Edouard et moi sur les premières cartes et Loïc et P-E sur les dernières. Au total 114 balises à prendre, elles sont soit vertes (poinçonnées, elles évitent des malus temps), soit bleues (poinçonnées, elles permettent des bonus temps), soit elles sont PC (point de contrôle où le passage est obligatoire sous peine de disqualification). On décide de prendre un peu de temps et de tout bien reporter, afin d’éviter de ressortir les cartes de leur plastiques en plein parcours si jamais il pleut. Il nous faut un peu moins de ¾ d’heure pour tout reporter. Il est environ 21h40, c’est enfin le grand départ pour l’aventure dans la nuit !!!

Les premiers kilos se font dans un silence inquiétant à la recherche des premières balises. Par chance le temps est doux avec quelques gouttes de pluies pour nous humidifier. On enchaine les balises vertes (plus faciles à trouver) et les bleues (un peu plus compliquées). Des « spéciales » (comme « l’étoile du nombre d’Or » ou « la spirale ») nous permettent de ne pas nous ennuyer, de gagner des bonus temps, et de semer quelques équipes. Mon équipe est formidable. L’orienteur nous guide à la perfection, le capitaine cavale poinçonner les balises et tout le monde se soutient. Nous enchaînons traversées de champs et de forêts boueuses (boue dans laquelle j’arrive à me vautrer au bout de 20km…). Tout au long du chemin nous croisons toujours les mêmes équipes qu’on ne parvient à semer malgré notre passage en mode « furtif » : frontales éteintes lorsque Loïc partait poinçonner les balises hors du chemin (en même temps avec la toux que je traînais depuis dix jours c’était assez compliqué de passer inaperçus). Au bout de 30 km, des douleurs se font sentir chez certains, et courir devient difficile. Vers 6 h du matin, je ressens un gros coup de fatigue, j’ai froid, j’ai la tête qui tourne, j’en ai marre de courir dans la nuit. Au levée du soleil, une pause « petit-déjeuner » (sandwich/coca pour Loïc et moi, saucissons pour les autres) me remet d’aplomb.
Le raid 28 ... c'est la vie de château ...
Dimanche matin, la surprise du Raid est la traversée du parc du château de Versailles. Ça change de la boue des longues lignes droites dans les forêts ou les prairies (même si la traversée du parc a été une très longue ligne droite vu que l’objectif était juste de passer la barrière horaire fixée à 12h30 à l’entrée du parc). C’est très insolite de courir/marcher aux milieux des touristes et promeneurs étonnés (surtout quand on a de la boue jusqu’au genoux). On croise des coureurs du dimanche matin, tout frais, bien habillés, qui trottinent d’une belle foulée…alors que nous…déjà 14 heures de courses et les foulées sont plus très légères, les articulations se font vraiment bien sentir, les muscles tirent et la fatigue est bien là. Après une très longue ligne droite sans ramasser de balises, on arrive à la barrière à 12h05. On était large ;-). On décide de faire une petite pause, le temps pour Greg de changer ces chaussettes. Je décide de poser mon popotin sur une barrière pour grignoter du pain d’épices…quelle erreur en me relevant ! Il nous reste 20 km à parcourir (sans objectif de choper de balises) et j’ai déjà la démarche du cow-boy que je ne suis censée avoir que lundi matin au boulot…je commence vraiment à me demander ce que je fiche sur cette course… Nous continuons notre route et dans ma tête je me dis que les garçons m’avaient parlé d’une tradition au Raid 28 : la traversée du ruisseau ou de la rivière. Bizarre on ne l’a toujours pas croisé…Fingers crossed jusqu’au bout : on n’aura pas à faire trempette (quoique du froid anesthésiant me ferait peut-être du bien aux articulations)…J’ai parlé trop vite : on doit passer sous un pont à Buc pour traverser la Bièvre…Je ne devais plus être très lucide à ce moment là, je n’ai pas hésité une seule seconde à sauter les deux pieds dans la flotte (pas comme un certain râleur de la section dont je tairais le nom). L’eau est bonne…au début…au bout de 100 mètres mes doigts de pieds ne répondent plus, j’ai mal à en hurler…et pour sortir de la flotte il faut en plus escalader un espace d’arbre…Tiens notre râleur refait un caprice ☺ Quand on ressort de l’eau on voit des équipes arrêtées pour se sécher les pieds, je n’en vois pas trop l’intérêt vu l’état dans lequel on est, c’est un raid pas un défilé de mode. Et puis c’est marrant de faire « Flop Flop » dans nos chaussures ☺ On continue notre route, il doit nous rester 13 km.
On approche de Gif-sur-Yvette, doux souvenir des concours de prépa. On voit au loin l’avant dernier PC (avant le dernier qui est l’arrivée ☺). Il nous reste 6 km…et plus assez de moral. Moi qui me suis retenue toute la course pour ne pas râler, on pourrait croire que j’ai tout gardé pour les derniers kilos. Si le titre du plus gros râleur de l’équipe ne concernait que ce tronçon de parcours je gagnais haut la main. Mais Edouard avait pris tellement d’avance, je pouvais de toute manière me permettre de me lâcher, il gagnait quand même le titre loin devant ! Malgré le soutien de mon équipe et les mots d’encouragements je continue de râler et je réussis même à envoyer balader ma mère au téléphone qui voulait simplement savoir ce qu’on devenait. 90ème km : des escaliers…quelle horreur, j’arrive à les descendre en trottinant (l’image de mon appartement au 3ème étage d’une résidence sans ascenseur me traverse l’esprit…je vais en baver en rentrant). On passe (enfin) le panneau d’entrée dans Bures-sur-Yvette. Après une très longue ligne droite, on sent que le gymnase n’est pas loin, comme il faut arriver avant 16 h (je n’ose même pas regarder ma montre), et histoire de se la péter un peu, on se remet à courir, la démarche est folklo, chaque pas étant douloureux. 15h59 : on passe enfin la ligne d’arrivée tous ensemble avec un grand sourire pour la photo finisher. Tout le monde s’embrasse, le capitaine fait un peu petit discours à la caméra avant de venir nous féliciter, on est trop heureux.

En conclusion, ce raid est extra, ce fut un grand plaisir d’y participer, même si on en a bavé. J’ai particulièrement apprécié les moments de « jeux » autour du nombre d’Or (La Spirale, l’Etoile,…) et la traversée du parc du château de Versailles. Ça nous a permis de digérer les tronçons un peu plus longs et beaucoup moins excitants où les balises étaient au bord du chemin. C’est un raid très tactique notamment au niveau de la gestion du timing fixé par l’organisation. Nous pouvons être très fiers de notre maîtrise du temps qui nous a permis d’arriver à 15h59 (pour une fois qu’Edouard n’est pas en retard)…Physiquement et moralement ce raid est très dur, le moral de l’équipe est fortement mis à l’épreuve et révèle les gros râleurs ☺ D’où une bonne préparation physique, de la ténacité et un moral d’acier pour tenir jusqu’au bout. Je tiens à remercier tous les organisateurs accueillants et souriants à n’importe quelle heure de la nuit et du jour, quelque soient les conditions météorologiques sous lesquelles ils nous attendaient.
Bravo et merci à mes quatre courageux coéquipiers forts sympathiques : - Loïc, un capitaine orienteur et pointeur impressionnant jusqu’à la fin. J’appréhendais un peu le personnage suite à la description que m’avaient fait P-E et Edouard. Mais au final, j’ai découvert quelqu’un de très agréable, avec qui j’ai aimé discuter pendant les lignes droites interminables. - P-E, un grand rigolo avec le sourire et la motivation jusqu’au bout. J’ai hâte de le retrouver sur une future course. - Edouard, excellent orienteur et véritable petit râleur qui ne voulait pas se tremper les pieds (mais je cite « sinon, pour info, je crois que la personne qui a fait un caprice au moment où on passait était d'une autre équipe qui nous suivait... » ☺). Mais surtout un grand merci pour m’avoir aidé moralement sur la fin et avoir supporté mon caprice. Et merci pour l’entraînement tout au long du mois de janvier. - et Greg, un petit nouveau déterminé à aller au bout malgré la douleur. On n’a pas forcément été cool avec lui lorsqu’on traçait devant alors qu’il trainait la patte derrière, il lui a fallu un sacré moral pour tenir ! Et merci pour le fou rire qu’on a eu grâce à lui lorsqu’il a dû remettre deux fois les pieds dans l’eau pour avoir oublié de poinçonner son bracelet ☺ Je remercie aussi ma maman, ma plus grande supportrice, qui comme à la SaintéLyon n’a pas fermé l’œil de la nuit et qui arrive toujours à plus de 600 km à trouver les mots pour rebooster les troupes (du genre à 15h00 : « Va falloir vous bouger si vous voulez y arriver avant 16h00 »). Je remercie aussi toutes les personnes qui ont pensé à nous avant, pendant et après. Vos messages, vos appels et vos petites attentions à mon égard m’ont fait chaud au cœur. J’espère que ce récit vous aura donné envie de vous aligner sur ce raid qui est une excellente expérience humaine. Pour ma part, je pense le refaire l’année prochaine et on me souffle dans l’oreille qu’Edouard s’y entraîne déjà ;-) 
Adeline

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