mercredi 28 mars 2012


Ce week-end, 12 coureurs de la section ont participé à l'ECOTRAIL de Paris.

Voici le récit d'Etienne :

ECOTRAIL DE PARIS-ÎLE DE FRANCE : RÉCIT D’UN COUREUR FATIGUÉ, MAIS CONTENT.

C’est toujours pareil pour une course qu’on prépare depuis longtemps, à laquelle on a pensé tous les jours depuis des semaines : le jour de la course, on a du mal à se dire que c’est réel, que c’est bien pour aujourd’hui, que la vraie course va commencer. Ca n’est qu’au top départ, quand on commence à mettre un pied devant l’autre, qu’on entend le tap-tap-tap des chaussures et qu’on sent le sol sous ses pieds, qu’on commence à y croire vraiment, que la réalité de la course se cristallise. Toute la matinée, je suis donc sur mon nuage : quand je me réveille le matin avec le sac préparé de la veille et de l’avant-veille, sur le quai de la gare qui m’emmène à St-Quentin-en-Yvellines, dans le bus navette au milieu des autres coureurs, jusque dans le sas de départ…

Le départ donné, je me mets à courir en restant bien concentré. Tous me l’on dit : ne pas démarrer trop vite. Je m’attache donc, dans toute cette première partie plate autour du lac de la base de loisir, de retenir ma foulée, et aussi à ne pas me torde le pied sur les trous et les bosses des étendues herbeuses que nous traversons. Beaucoup me doublent, c’est pas grave… Nous sortons de la base de loisir, traversons une passerelle qui se gondole avec une amplitude impressionnante au passage des coureurs. Ca fait presque une heure que nous courons, je n’ai pas vu le temps passer. Juste avant de rejoindre les bois, j’entends l’encouragement de Lionel, venu nous soutenir. C’est un plaisir, la course commence bien, les jambes sont légères, il fait beau : j’ai l’impression que je pourrai continuer comme ça jusqu’au bout du monde… Impression trompeuse !

Nous passons quelques étangs et attaquons notre première belle montée. « C’est la plus longue du parcours » nous lance un spectateur. Dans les bavantes de la suite, je me souviendrais de lui, car cette première montée se grimpe sans souci, ce qui ne sera pas forcément le cas des suivantes (mais je crois qu’il avait raison). Quelques effluves de barbecues en passant près des maisons en bordures de forêt, on se croirait en vacances. Au premier ravitaillement, à Buc, au km22, superbe ambiance. Je mange des morceaux de bananes, boit presque un litre d’eau d’une traite (il fait bien chaud), remplit la poche à eau à ras bord, et je repars aussitôt. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des bouteilles au ravito, et que je n’ai pas à sortir la poche à eau du sac pour la remplir : c’est un détail bêbête, mais ça me donne le moral ! Il est 14h25, je commence à me dire que les 10h00 ne sont pas impossibles.

C’est reparti pour le gros morceau, entre le km22 et le km45 à Meudon. Ca cours, ca cours… Vers le trente-cinquième km, je sens les jambes qui deviennent dures et douloureuses, au niveau du quadriceps et du mollet. Le parcours virevolte, vers le Nord, vers l’Ouest, vers le Sud… Au soleil, j’ai l’impression qu’on ne va jamais vers l’Est, alors que Meudon, c’est franchement à l’Est ! L’inquiétude me gagne au fur et à mesure que les jambes se durcissent. Je commence à voir pas mal de coureurs arrêtés sur le bord du chemin, les traits tirés. Visiblement, la chaleur fait des dégâts… J’ai bien fait de partir léger : short, débardeur et casquette (celle de la Course du Cœur !), le coupe vent restera dans le sac à dos jusqu’à la Tour Eiffel. Arrivée à Meudon, à coté des serres de l’école d’horticulture des Orphelins d’Auteuil, le cadre est splendide et l’eau fraiche… Là encore, j’essaie de ne pas m’attarder et je repars une fois les niveaux refaits. Passage par les jardins de l’Observatoire de Meudon, peut-être la plus belle portion du parcours, avec le chaud au cœur des encouragements du public. On voit les familles jouer sur les pelouses et recueillir les rayons du Soleil de fin de journée. A la sortie, au km47, contrôle des sacs (tout le monde y passe) : frontale, couverture de survie, brassard. Tout est OK, et on repart vers le ravito de Chaville. Quelques longues lignes droites, plates, dans la forêt de Meudon.

Dans les montées, on peut marcher. Dans les descentes, on laisse filer, ça fait un peu mal, mais on déroule quand même. Le plat, c’est le plus dur, il faut se forcer à courir même si les jambes font mal. Je m’encourage en anglais (ne me demandez pas pourquoi…) : « Keep on running ! Keep on running ! ». Heureusement, le ravitaillement de Chaville n’est pas trop loin, seulement 13 km. J’y arrive vers 17h15, toujours accueilli par un public, pas très nombreux certes, mais chaleureux. Du coup, je cours dans la dernière montée, pas très longue il faut dire… Je retrouve mon copain Benoît, bénévole avec moi sur le semi de Rueil. C’est lui qui sert la soupe aux nouilles : j’en prends trois bons bols. Un régal ! J’appelle ma femme pour lui dire de venir me chercher à la Tour Eiffel, car je ne me vois pas reprendre le métro après ça. Je lui confirmerai en sortant du Parc de Saint-Cloud, mais je pense y être vers 22h00 si les jambes tiennent. Je promets de suivre ses conseils de prudence, mais à partir de ce moment-là, je suis certain d’aller jusqu’au bout quoiqu’il arrive, même en rampant… Quant aux dix heures, je commence à y croire vraiment.

Dur de se lever de la chaise, mais il faut y aller. J’aborde la Forêt de Fausses-Reposes avec joie : des montées, des descentes, pas beaucoup de plat ! Les étangs, un petit tour encore dans les bois au crépuscule. Le jour tombe très vite. Au détour d’une route, les organisateurs nous font mettre la frontale. Quand je me baisse pour ramasser la pile de rechange que j’ai fait tomber, je m’aperçois à quel point les jambes sont raides. Je suis tendu vers le dernier ravitaillement, celui de Saint-Cloud, vers le km65 (à ce stade-là, je ne sais plus bien), sur mes terres d’entraînement, dans les sentiers dont je crois connaître chaque caillou. De nuit, je suis un peu désorienté, mais content de retrouver mes marques. Dernière halte, je bois et mange un peu, mais les aliments et l’eau ont du mal à passer. 20h20, je suis reparti. En arrivant sur les quais, je confirme à mon épouse : ce sera 22h00 !

La fin est longue et plate. Sauf tout ces petits escaliers qui vous fusillent les jambes pour passer des quais aux ponts et vice-versa. Le long des quais d’Issy, sur les péniches, ça sent presque la fin de soirée d’été, les vacances, quand on finit les bouteilles du repas en discutant mollement… Pour moi, c’est l’heure du questionnement métaphysique : mais qu’est-ce que je fous là ? Pas de réponse, si ce n’est de continuer, à coup de « 3 – 2 – 1 – GO ! » prononcés à haute voix pour me remettre à courir, jusqu’au pont, à la voiture blanche, au prochain escalier, au bout du trottoir… Je regarde ma montre toutes les deux minutes, et je commence à me dire que ça n’est pas gagné. Discussion avec un coureur aussi vanné que moi en regardant la Tour Eiffel, toute éclairée devant nous : « Elle est à combien maintenant ? – 4 km – Oh non ! Deux et demi ! Tu crois pas ?– Non, mais j’espère que c’est toi qui a raison… ».

L’Île aux Cygnes, le Pont de Bir-Hakeim, je prends mon gel « coup de boost » en vue des escaliers de la Tour Eiffel. Il est 21h50, ça va être juste… J’émerge du quai en face de la Tour, du monde, des touristes, des encouragements. Il faut attendre au feu pour traverser la chaussée (« Piétons, attention, traversée en deux temps »). Derniers mètres avant l’escalier au milieu de la foule, entre les barrières. Maintenant je cours à nouveau, sans effort tellement je suis content. J’enquille l’escalier deux marches par deux marches, en tirant sur la rampe. Arrivé sur la plate forme, je cherche des yeux l’arrivée. Elle est à dix mètres. Quelques foulées et ça y est !

L’aventure est finie. 9h58 : je n’en reviens pas…


Lien vers le récit de Jacques

Voici l'album photo de Serge : eco-trail 2012

L'album de Lionel : ici

Les résultats. Sabrina a également terminé le 18km.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour.

Comme pour le raid 28, à lire vos histoires, belles histoires, il me semble que pour retenir tous les détails que vous comptez si bien, vous n'étiez pas à fond avec du sang dans la bouche pendant vos courses respectives.

KK8.

Allez, c'est vraiment super de vous lire, continuez.