Je n'avais pas remis les pieds à Berlin depuis 1969, date de ma libération de mes obligations militaires qui m'avaient bloqué 16 mois à Berlin de 68 à 69. L'arrivée en Boeing sur Tegel Airport, qui a l'époque était une Base Aérienne des forces françaises d'occupation, m'a fait revivre mon départ du même tarmak mais à l'époque c'était à bord d'un Nord 2501 à hélices qui m'avait ramené à Evreux.
Ce marathon de Berlin était donc pour moi un marathon pèlerinage. A Berlin j'avais couru des marches commando, mais pas encore de marathon. Ma préparation chaotique pour ce 42,195 me laissait quand même espérer un chrono autour de 3 h d'après les tests que j'avais fait ... Et c'est en toute confiance que j'ai rejoint avec Jeannot et Christophe la ligne de départ dans le sas C des moins de 3 heures ... Optimiste le V3 ! ... Coup de pistolet c'est parti ... Une foule incroyable sur la route et sur les trottoirs ... On part un poil vite comme d'hab car on n'est vraiment pas gêné placés idéalement en début du sas on n'a jamais été gêné ... On sent déjà vers le 5 ème kilomètre la chaleur qui arrive ... Je me retourne plus de Jeannot, plus de Christophe mais une marée de coureur dans laquelle il est impossible de retrouver qui que ce soit. Je regarde mon GPS je suis sur mon allure de 4'20 qui devrait si tout va bien m'emmener au bout en 3h02 ... je continue en pensant secrètement que si tout allait bien au 30 - 35 j'irais chercher mieux ... Mon souvenir d'Annecy en 3h01 me gratte encore un peu ... Le 10 ème km arrive tout va bien sauf un début de crampe à l'ischio droit très haut presque au niveau de la fesse ... Pas de problème mon ischio autrefois déchiré sur 9 cm me titille de temps en temps car le muscle réparé n'a plus depuis la même élasticité. Peu après le 10 François et Fred me rejoignent et pendant un moment on constitue un petit groupe Dassault Sports qui a fière allure ... Tout se complique subitement pour moi et en un kilomètre la course va basculer pour moi. La crampe s'est transformée en contracture et je ne peux plus avancer ma jambe droite. Je ralentis l'allure laissant partir mes camarades et en espérant que ça passe ... 500 m plus loin plus possible de courir sans éprouver une violente douleur ... Je marche espérant encore que ça reparte ... J'essaie 3 fois de me remettre à courir mais à chaque fois au bout de 2 foulées la douleur revient aussi vive. Au 18 ème je rentre sous une tente de secours où il y avait des kinés ... En anglo - deutsch j'essaie d'expliquer mon cas ... Rien à faire me fait-on comprendre ... même pas un massage ... Dépité je me dirige vers le métro le plus proche. Habituellement c'est en autocar que je rentre au bercail après un abandon (UTMB, Vanoise, SaintéLyon, ... la liste devient trop longue) mais là j'innove ce sera en métro ! ...Il n'est pas question pour moi de tenter l'impossible et de risquer une nouvelle déchirure car je sais que dans ce cas c'est 3 mois minimum pour s'en remettre. Je n'ai même pas la possibilité de tenter de rejoindre Béa qui est postée au 21 km pour prendre des photos. Perdu dans le métro je serais ramené à proximité de la porte de Brandebourg par une écossaise venue rendre visite à son fils installé à Berlin. Puis pour finir un coureur berlinois qui comme moi a abandonné m'accompagnera et on verra ensemble arriver le premier. Lui en tout cas il n'a pas faibli pluisqu'il battra ce jour là le record du monde de la distance en 2h03' 38". Mon pèlerinage se transforme en déroute. C'est super déçu et en clopinant que je vais rechercher mon sac à la consigne pour attendre les autres en espérant que tout se passe bien pour eux malgré la chaleur que je sens de plus en plus présente sur mes épaules. Après avoir retrouvé un par un les rescapés de l'équipe qui avait tous souffert de la chaleur on est reparti à l'hôtel pour prendre une douche réparatrice. Voilà pour l'épisode sportif.
A partir de là, et malgré une jambe droite un peu raidie, par ce que j'apprendrais ensuite être un claquage, nous avons visité cette belle ville de Berlin le lundi et le mardi. J'ai trouvé la ville changée depuis mon séjour de bidasse ... Beaucoup de travaux, de grands espaces verts, de grandes artères, pas de scooters mais beaucoup de vélos ... Une ville vraiment sympa où je reviendrai avec Monique ma femme qui était venue en 1968 me voir ici avec sa soeur et ma soeur en faisant le trajet Paris - Berlin avec ma Simca 1000 ... Seule des 3 filles à avoir le permis elle s'était payée le trajet en 2 jours à l'aller ... Et avait effectué un retour périlleux au petit matin après une dernière soirée passé ensemble en boite de nuit ... Après cet échec berlinois il me faudra 15 jours de repos avant de solliciter à nouveau mon ischio jambier droit. Le vélo est possible mais pas la course. Il faut que je refasse mon planning de courses de fin d'année et je vais chercher un marathon pour faire ma qualif Boston 2013 ... A moins que ce soit notre généreuse section Athlé nous offre Rio ...
Patrick
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